El Niño

Le phénomène de "El Niño " qui veut dire en fait « le petit garçon » en espagnol, et par extension « l'Enfant Jésus » a été nommé à la fin des années 1800 par des marins péruviens qui avaient alors constaté l'apparition d'un courant marin chaud à la période de Noël, près de l'Équateur à l’Est de l'Océan Pacifique (il dure de 12 à 18 mois).

Le phénomène El Niño et ses conséquences se produisent probablement depuis des millénaires, mais les premières preuves historiques dont on dispose à ce sujet datent de 1567-1568. A l'époque contemporaine, des phases d'El Niño plus marquées ont été enregistrées en 1972-1973, en 1982-1983 et en 1997-1998.

 

 

En temps normal...

 

En décembre, le sud-est du Pacifique connait des hautes pressions et l'Indonésie des basses pressions. L'océan Pacifique, le plus grand réservoir d'eau du monde, emmagasine d'énormes quantités d'énergie solaire grâce à ses mouvements de brassage (eau chaude).

Ainsi, les alizés (vents) refoulent cette eau chaude vers l'Indonésie et le nord de l'Australie. Cela provoque une montée de 30 à 70 cm du niveau de l'eau dans le Pacifique ouest et une baisse équivalente dans le Pacifique Est.

Ce qui engendre donc une remontée des eaux plus profondes (environ 200 mètres) et froides (on parle d'upwelling) qui viennent compenser ce déficit sur les côtes d'Amérique latine.

De surcroît, ces eaux sont chargées en éléments nutritifs (potassium, magnésium, etc.) et en plancton qui attirent et alimentent les bancs de sardines et d'anchois, qui font à leur tour du Pérou et du Chili les plus grands producteurs de poissons du monde.

Entre temps, les vents, chargés en vapeur d'eau, engendrent d'abondantes précipitations lors de leur ascension au-dessus de l'Indonésie (jusqu'à 7 m de précipitations par an), alors que de l'autre côté du Pacifique, dans les Andes et les hauts plateaux du Pérou sévit la sécheresse.

 

Un équilibre rompu

 

Cependant, il arrive que le trajet des alizés (vents) se modifie entre janvier et mars, bouleversant cette circulation équilibrée des eaux chaudes du courant équatorial et l'upwelling. Les cumulo-nimbus (nuages) s'installent alors au large de l'Amérique Latine. D'importantes précipitations s'abattent sur la côte ouest du Pérou, les cyclones se déchaînent en Polynésie, tandis que l'Indonésie s'assèche.

Sur la vaste surface d'eau chaude, se forme alors une dépression atmosphérique chargée d'air très humide et provoquant des pluies torrentielles. Ce dérèglement océanique est donc appelé El Niño.

 

Lorsque la situation revient à la normale, on parle alors de la Nina. Une fois amorcées, ces anomalies peuvent durer une année entière, voire davantage. Ainsi, l'intense épisode El Niño de 1997/98 a été suivi d'une anomalie La Niña de longue durée, qui a commencé vers le milieu de 1998 pour se terminer au début de 2001.

 

Ces variations de température sont étroitement liées avec d'importantes fluctuations du climat observées dans le monde entier. Les phénomènes El Niño, ont des effets sur presque tous les aspects de la vie humaine : nouveaux foyers de maladies, récoltes plus ou moins abondantes, inondations et sécheresses, changements du niveau de la demande énergétique, perturbations de la production hydroélectrique, de la pêche et de la migration animale, incendies de forêts et conséquences économiques pour les pays fragiles.